Diagnostic de l’état de santé des arbres

Etablir un diagnostic de l’état de santé des arbres

L’observation des arbres est un acte essentiel pour établir un constat sur leur état de santé. Comment repérer les arbres qui sont soumis à des éléments de stress ? Comment distinguer de façon précoce le caractère le dépérissement d’un arbre? Il existe une méthodologie basée sur l’étude de l’architecture de l’arbre qui permet d’établir un diagnostic sanitaire des arbres.

Chacun sait reconnaître un arbre sain et identifier les sujets sur le point de mourir. La difficulté vient surtout de toutes les situations intermédiaires.

Comme tout être vivant, l’arbre est amené à subir des crises de différentes ampleurs. Ainsi, en partant d’un état normal, et sous l’influence de divers facteurs, il pourra y avoir des écarts à la normale suivis de retours à la normale.

Ce comportement cyclique n’est pas rare. Heureusement d’ailleurs, car c’est de cette façon que les arbres parviennent à vivre si longtemps. Au cours de ces cycles, trois états peuvent ainsi être définis : l’arbre sain (état normal), l’arbre stressé (écart à la normale) et l’arbre résilient (retour à la normale).

Les problèmes surviennent généralement lorsque l’arbre subit une répétition de stress sur une courte période (5 à 7 ans). Dans ce cas, l’écart à la normale est si fort qu’un point de non-retour est atteint. L’arbre est alors dans une situation de dépérissement irréversible, un état si fragile que quelques facteurs aggravants peuvent entraîner une mort inéluctable.

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Pour rendre compte de cette dynamique, l’Institut pour le Développement Forestier a développé un outil de diagnostic appelé : la méthode ARCHI. Il s’agit d’un diminutif de « Architecture », car la méthode s’appuie sur une lecture de l’architecture des arbres.

Le principe est de réaliser deux séries d’observations. La première concerne les symptômes de dégradation du houppier (déficit foliaire,
coloration anormale, mortalité…) ; la deuxième porte sur les processus de restauration du houppier (développement de gourmands, recouvrement des plaies, reprise de croissance…).

L’étude du rapport de force entre les phases de dégradation et celle de restauration  permet d’établir un diagnostic sur l’arbre. L’état de santé de l’arbre sera défini ainsi: l’arbre sain, l’arbre stressé, l’arbre résilient, l’arbre en descente de cime et l’arbre en dépérissement irréversible.

Qu’est-ce qu’un arbre normal ?

C’est le point de départ de la méthode, il s’agit d’un arbre sain qui servira de référence pour la suite. Un arbre normal, c’est un arbre qui exprime pleinement sa ramification.

Qu’est-ce que la ramification ? C’est un processus de développement endogène permettant à l’arbre de produire plusieurs catégories d’axes. Avec la ramification tout est prévisible : la position relative des axes entre eux, le rythme d’apparition de chaque axe, leurs rôles respectifs et également l’ordre de ramification. Il existe en effet un ordre de ramification limite pour chaque essence. Il est par exemple de quatre pour le sapin pectiné, de cinq pour le chêne pédonculé et de seulement trois pour le frêne commun. 

Pour une essence donnée, lorsqu’on connaît les différentes caractéristiques de sa ramification, il devient alors plus facile de distinguer les ramifications normales de celles qui se sont appauvries après un stress.

Comment un arbre, limité par un nombre très réduit de catégories d’axes, parvient-il à édifier une architecture géante? C’est là qu’intervient le deuxième processus du développement normal : la réitération.

Ainsi, la plupart des feuillus construisent leur houppier par réitération de l’axe A1, car les branches maîtresses ne sont en effet que des duplications du tronc ! Et même chez les résineux qui garderont un tronc unique pendant toute leur existence, des phénomènes de réitération existent. Le sapin
pectiné par exemple réitère les axes A2 en produisant des fourches aux extrémités des branches. Chez le Douglas, la réitération des rameaux A3 est à l’origine de draperies caractéristiques le long des branches.

Chaque espèce possède sa propre stratégie de réitération et toute anomalie donne des indications sur l’état de vigueur d’un arbre. Quand un arbre s’écarte de la normale, il tente d’y revenir de différentes façons. La plus rapide et la plus efficace est la production de gourmands. On distingue trois types de gourmands et ceci, aussi bien chez les feuillus que chez les résineux. Un gourmand est qualifié d’orthotrope  lorsqu’il présente une symétrie axiale et une direction de croissance verticale. Il est plagiotrope  si sa symétrie est bilatérale et sa direction de croissance horizontale à oblique. Enfin, il est nommé agéotrope  lorsqu’il ne présente aucune symétrie et aucune direction de croissance privilégiée. Le gourmand agéotrope se distingue aussi par une croissance très limitée, tant en longueur qu’en épaisseur.

 

A quoi peut servir la reconnaissance des gourmands dans un arbre ?

Lorsqu’on s’intéresse au dépérissement des arbres, une observation limitée aux branches mortes n’est pas suffisante. L’apparition
de gourmands permet alors de réactiver la pompe en initiant de nouveaux vaisseaux conducteurs. Ils peuvent jouer aussi ce rôle dans d’autres situations de perturbations hydriques, quand l’arbre est dominé par exemple, ou après une éclaircie dans un peuplement trop dense. Mais selon la nature des gourmands l’arbre se rétablit plus ou moins bien.

S’ils sont tous agéotropes, ils parviendront à synthétiser la quantité de sucres nécessaire à leur pérennité, à la formation de nouveaux petits gourmands et au renouvellement des racines fines, mais seront dans l’incapacité de restaurer une croissance normale. Les analyses de la largeur des cernes de tels arbres l’ont clairement montré. Si au contraire des gourmands vigoureux orthotropes sont présents, même en petite quantité, une dynamique de résilience du houppier est possible.

C’est d’ailleurs par ce procédé que les arbres de nos villes, si souvent amputés par des tailles sévères, réussissent à se reconstruire. 

La méthode ARCHI se décline par essence et est disponible pour six espèces : le chêne pédonculé, le chêne sessile, le chêne pubescent, le châtaignier, le Douglas et le sapin pectiné. D’autres espèces viendront progressivement s’ajouter au fur et à mesure de l’avancée des connaissances. L’appropriation et l’utilisation de la méthode nécessite deux conditions préalables : utiliser une bonne paire de jumelles et suivre une formation pour apprendre à se servir de la méthode sur le terrain. Chacune des méthodes proposées reprend l’ensemble des observations nécessaires sous forme de questions  et conduit l’utilisateur vers six  conclusions possibles. Cette méthode offre des possibilités d’applications dans divers
domaines.

On entend souvent dire : « Plus un arbre se couvre de gourmands, plus il est dépérissant ». Cette montre qu’il est plus juste d’affirmer que:« Plus un arbre dépérissant se couvre de gourmands, plus il aura de chances de s’en sortir ! ». Il convient donc de changer notre regard sur les arbres et en particulier sur les rôles des gourmands. Leur prise en compte permet de pronostiquer l’avenir proche des arbres exprimant des symptômes de dépérissement.  Nous sommes sans cesse sont étonnés par la très forte hétérogénéité des arbres, au sein d’un même peuplement. Sur une même
parcelle et pour une même essence, certains individus résisteront aux aléas climatiques, d’autres dépériront irréversiblement, et d’autres enfin feront preuve de résilience. Il y a donc là une richesse génétique qui ouvre de nouvelles perspectives pour la sélection et l’obtention d’un matériel végétal moins vulnérable aux effets du changement climatique.

Source:  Barthélémy D., Caraglio Y., Le dépérissement du chêne, les causes écologiques. Exemple de la forêt de Tronçais et premières conclusions – Revue forestière française : . Drénou C. . Face aux arbres, apprendre à les observer pour les comprendre Ulmer, Drénou C., Bouvier M., Lemaire J. . La méthode de diagnostic ARCHI, application aux chênes pédonculés dépérissants. Forêt-entreprise.Drénou, C., Bouvier, M., Lemaire, J. .Rôles des gourmands dans la résilience des chênes pédonculés dépérissants. Forêt Wallonne, Millet J.,  L’architecture des arbres des régions tempérées : son histoire, ses concepts, ses usages. Éditions Multimondes

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